drapeau

drapeau

drapeau [ drapo ] n. m.
drapel fin XIIe; de drap
IVx
1Pièce de drap. « Vieux linges, vieux drapeaux ! » (M. Régnier),ancien cri des chiffonniers.
2 N. m. pl. Drapeaux : langes pour emmailloter un enfant. ⇒ couche.
II(1578; d'apr. it. drapello) Mod.
1Pièce d'étoffe attachée à une hampe et portant les couleurs, les emblèmes (d'une nation, d'un groupement, d'un chef...), pour servir de signe de ralliement, de symbole, etc. étendard, pavillon; vexillologie. L'étoffe, la cravate, la hampe d'un drapeau. Arborer, déployer, hisser un drapeau. Garnir de drapeaux les édifices publics et privés. pavoiser. Drapeau en berne. Les drapeaux de la France : drapeau blanc des rois de France, repris à la Restauration; drapeau tricolore de la Révolution, repris en 1830 et maintenu en 1848. « le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie » (Lamartine). Drapeau breton, corse. Drapeau de la Croix-Rouge. Drapeau rouge : emblème révolutionnaire. — Drapeau blanc : drapeau qui, en temps de guerre, indique à l'ennemi qu'on veut parlementer ou se rendre. Fig. Hisser le drapeau blanc. capituler. Drapeau noir, des pirates, des anarchistes. — Par ext. Drapeaux en papier. Piquer des petits drapeaux sur une carte. Spécialt Le drapeau d'une armée, d'un régiment : les couleurs. Drapeaux militaires. banderole, bannière, 1. enseigne, étendard, fanion, flamme, guidon, oriflamme, pavillon; vx cornette, pennon. Au drapeau ! batterie de tambour, sonnerie de clairon exécutée pour rendre les honneurs au drapeau. Drapeau pris à l'ennemi.
Inform. Bit d'un registre d'état renseignant sur le déroulement d'une opération et permettant une décision.
2Fig. Symbole de l'armée, de la patrie, etc. Le respect, le culte du drapeau. Mourir pour le drapeau.
♢ LES DRAPEAUX : l'armée. — Loc. Être sous les drapeaux : être en activité de service dans l'armée; faire le service militaire. Se ranger, combattre sous les drapeaux d'un chef, d'un pays, dans les armées de ce chef, de ce pays.
Emblème, symbole de ralliement (à un parti, à une cause). bannière, étendard. Loc. Porter le drapeau : être le premier à soutenir une opinion. ⇒ porte-drapeau.
3Drapeau servant de signal. Abaisser le drapeau à damiers à l'arrivée du premier concurrent d'une course d'automobiles. Drapeau rouge de chef de gare.
4Aviat. Mettre une hélice en drapeau : disposer les pales parallèlement au sens de la marche.

drapeau nom masculin (de drap, avec l'influence de l'italien drapello, bannière) Pièce d'étoffe attachée à une hampe, servant autrefois d'enseigne militaire et devenue, depuis le XIXe s., l'emblème d'une nation, dont elle porte les couleurs. Pièce d'étoffe servant d'emblème à une province, un organisme, etc. : Le drapeau olympique. Emblème en papier, symbole du drapeau national ; figuration de navires, de troupes, etc. : Planter de petits drapeaux sur une carte. Pièce d'étoffe ou de matière rigide fixée à un manche et servant de signal : Délimiter un terrain avec des drapeaux. Symbole de la patrie, de l'armée : L'honneur du drapeau. Personne, œuvre qui symbolise un parti, un courant de pensée : Être le drapeau des protestataires. Cirque Équilibre de force qui consiste à se tenir horizontalement à un support vertical (corde, barre, perche) ou à un porteur dans les figures du main-à-main. Informatique Information de service, entre deux chaînes de caractères, pouvant être positionnée et testée. Œnologie Appareil constitué par un serpentin métallique destiné à rafraîchir ou à réchauffer un moût en fermentation. ● drapeau (citations) nom masculin (de drap, avec l'influence de l'italien drapello, bannière) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 […] l'Angoisse, atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Les Fleurs du Mal, Spleen Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Tous les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de m… qu'il est temps de n'en plus avoir du tout. Correspondance, à George Sand, 1869 Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 […] Le drapeau rouge que vous nous rapportez n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ! Discours, 25 février 1848 drapeau (expressions) nom masculin (de drap, avec l'influence de l'italien drapello, bannière) Drapeau blanc, emblème de la royauté ; drapeau qui indique que l'on veut parlementer ou capituler. Drapeau noir, enseigne des pirates, emblème anarchiste. Drapeau rouge, emblème révolutionnaire et, à partir de 1918, celui de l'Union soviétique. Drapeau tricolore, drapeau bleu, blanc, rouge, emblème de la nation française. Être sous les drapeaux, accomplir son service militaire. Lever haut son drapeau, défendre publiquement ses opinions. Mettre son drapeau dans sa poche, dissimuler ses opinions. Populaire. Planter un drapeau, s'éclipser sans payer. Se ranger, combattre sous le drapeau de quelqu'un, prendre son parti, partager ses idées, le reconnaître comme chef. Mise en drapeau, action de mettre les pales d'une hélice à pas variable dans la position qui offre le moins de résistance à l'avancement, lorsque le moteur est stoppé. Composition en drapeau, disposition de lignes successives dont l'alignement n'est réalisé que d'un seul côté (soit à gauche, soit à droite). Au drapeau !, batterie ou sonnerie militaire pour rendre les honneurs au drapeau. En drapeau, se dit de la forme inclinée et aplatie que prennent les arbres sous l'action du vent. ● drapeau (synonymes) nom masculin (de drap, avec l'influence de l'italien drapello, bannière) Pièce d'étoffe attachée à une hampe, servant autrefois d'enseigne militaire...
Synonymes :
Pièce d'étoffe servant d'emblème à une province, un organisme, etc.
Synonymes :
- bannière
- étendard
Personne, œuvre qui symbolise un parti, un courant de pensée
Synonymes :
- emblème
Sylviculture. En drapeau
Synonymes :

drapeau
n. m.
d1./d Pièce d'étoffe attachée par un de ses côtés à une hampe et servant d'emblème, de signe de ralliement, etc. Le drapeau tricolore.
|| Drapeau blanc, qui, en temps de guerre, indique que l'on désire parlementer ou se rendre.
|| Fig. être sous les drapeaux: effectuer son service militaire légal.
d2./d AVIAT Hélice en drapeau, dont le plan moyen des pales est orienté parallèlement à la direction du déplacement de l'avion, pour réduire la résistance à l'avancement lorsque le moteur s'arrête en vol.

⇒DRAPEAU, subst. masc.
A.— Pièce d'étoffe portant les couleurs, les emblèmes d'une nation, d'un gouvernement, d'un groupe ou d'un chef et qui est attachée à une hampe de manière qu'elle puisse se déployer et flotter pour servir de signe de ralliement, de symbole. Drapeau de la République; cravate, étamine d'un drapeau. Ces drapeaux où la croix gammée ressemble à une araignée, gonflée de sang (MAURIAC, Cah. noir, 1943, p. 364). Les bourgeois (...) figuraient aux balcons et aux fenêtres pavoisées. Ils regardaient la rue, ils applaudissaient le peuple en armes, le peuple en chants, le peuple en drapeaux (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 304) :
1. Le défilé s'organisait, les pompiers en tête et le tambour de ville, derrière le drapeau des grandes fêtes, aux franges déteintes.
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 418.
SYNT. Drapeau allemand, américain, espagnol, français, etc.; drapeau national, de la patrie; drapeau aux couleurs de la nation; drapeau consulaire, de l'empire, de la monarchie; agiter, arborer, brandir, déployer, hisser, planter un drapeau; saluer un drapeau; mettre des drapeaux aux fenêtres; pavoiser de drapeaux; drapeau qui claque, qui flotte au vent; drapeau en berne; drapeau roulé dans sa gaine, dans son étui; plis d'un drapeau; porte-drapeau.
1. Spécialement
a) Drapeau tricolore. Drapeau national de la France depuis 1793, abandonné en 1816 et repris en 1830. Ce que par dessus tout, nos aveugles, déplorent, C'est pas d'être hors d'état d'se rincer l'œil, cré nom de nom. Mais de ne plus pouvoir lorgner le drapeau tricolore La ligne bleue des Vosges sera toujours notre horizon (G. BRASSENS, Les Patriotes, Éd. Musicales 57, 1976, p. 2).
b) Drapeau blanc
) Drapeau de la monarchie française. Elle fortifia le gouvernement des Bourbons en rattachant l'armée au drapeau blanc (FRANCE, Vie littér., t. 1, 1888, p. 211).
) Drapeau qui, en temps de guerre, indique le désir de parlementer ou de se rendre. Je vois un drapeau blanc qui monte et qui descend au mât de la citadelle. On demande à nous envoyer un parlementaire (CLAUDEL, Soulier, 1944, 8, p. 1074).
Au fig. Lors de l'exposition de 1937, le musée de la littérature lèvera le drapeau blanc de la reddition (HUYGHE, Dialogue avec visible, 1955, p. 17).
c) Drapeau noir
) Pavillon que les pirates et les corsaires hissaient lorsqu'ils attaquaient un bâtiment et qui signalait que le combat serait sans merci.
) Drapeau qui en temps de guerre était placé sur les hôpitaux pour signaler qu'ils étaient sous la sauvegarde des sentiments d'humanité. Dans les villes assiégées, on place un drapeau noir sur les hôpitaux (Ac. 1835).
) Symbole de la guerre à outrance et qui est devenu l'emblème des anarchistes. J'ai ôté d'instinct mon chapeau — pour saluer le drapeau noir (...) étendard des canuts, bannière de la Guillotière! (VALLÈS, J. Vingtras, Bachel., 1881, p. 342).
Au fig. Le drapeau noir flotte sur la Belle Angerie. Une longue série de désastres familiaux, de schismes retentissants, est inscrite dans ses plis (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 196).
Loc. fig. Le drapeau noir flotte sur la marmite. Des difficultés financières font ressentir leurs effets. À ce train-là [de négliger son cabaret, pour nocer] le drapeau noir allait flotter sur la marmite avant longtemps! (SIMONIN, Pt Simonin ill., 1957, p. 249).
d) Drapeau rouge. Drapeau qui en vertu du décret du 20 octobre 1789 de l'Assemblée constituante devait être déployé chaque fois que la loi martiale était proclamée et que l'on s'apprêtait à faire appel à la force armée pour disperser un rassemblement et qui est devenu plus tard le symbole de l'insurrection révolutionnaire. La loi martiale a été publiée, le drapeau rouge déployé : on ordonne au peuple de se dissiper en menaçant de faire feu (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 438) :
2. Le drapeau rouge, symbole de la loi martiale, donc de l'exécutif, sous l'ancien régime, devient symbole révolutionnaire le 10 août 1792. Transfert significatif que Jaurès commente ainsi : « C'est nous le peuple qui sommes le droit (...). Nous ne sommes pas des révoltés. Les révoltés sont aux Tuileries ».
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 164.
e) Drapeau de la Croix-Rouge. Drapeau blanc écartelé de la Croix-Rouge placé sur les ambulances et les bâtiments hospitaliers, pour les préserver du tir ennemi (admis par la convention de Genève 1868). Le drapeau de la Croix-Rouge flottera ce soir sur l'hôtel du Rhin (GIDE, Journal, 1914, p. 454).
2. En partic.
a) Domaine milit. Enseigne d'une armée, d'un régiment, d'une troupe. Remettre un drapeau à un régiment; drapeau de la Légion. Synon. couleurs (cf. ce mot I A 4 b). Présentation au drapeau de l'école de Saint-Cyr (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 161). Les colonels des régiments nouveaux ou reconstitués reçoivent, de mes mains, leur drapeau ou leur étendard (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 167).
Battre, sonner au drapeau; ou absol., au drapeau! Batterie de tambour ou sonnerie de clairon lorsqu'un régiment reçoit ses drapeaux, ses guidons ou ses étendards, ou pour rendre les honneurs au drapeau national.
b) Par symbolisation. L'armée, la patrie. Le culte, l'honneur, le respect du drapeau. L'honneur du drapeau français et celui de la chrétienté sont, (...) entre vos mains (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 522).
Vivre sous le drapeau d'un pays. Être citoyen de ce pays ou être sous sa dépendance. Nous sommes 100 millions d'hommes, bien rassemblés sous le drapeau français (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 85).
Au plur. L'armée. Aller servir, combattre sous les drapeaux. On donnait un petit écu à chaque soldat pour quitter ses drapeaux, et venir à Paris (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 545).
Être appelé, être sous les drapeaux. Faire son service militaire, être en activité de service. Hérouard a quatre fils sous les drapeaux, pour lesquels, chaque jour, la mère tremble, car ils sont également exposés (GIDE, Journal, 1915, p. 515).
c) [En tant qu'ornement] Drapeau de papier (ou d'autres matières) qui sert d'ornement lors des fêtes ou qu'on épingle, plante pour décorer ou pour figurer sur une carte, un emplacement. Guirlande de drapeaux de papier. Il y avait une magnifique carte de Russie, avec des petits drapeaux indiquant la ligne du front (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 187) :
3. Victor (...) a été jusqu'à m'inviter à venir voir la grande carte de Russie qu'il a épinglée sur un mur de sa chambre et sur laquelle il marque, avec de petits drapeaux, les admirables progrès des Russes. (Ce matin, nous plantons un de ces drapeaux sur Azov.)
GIDE, Journal, 1943, p. 188.
d) [En tant que signal, sans valeur symbolique] Pièce de tissu ou de matière rigide de forme généralement rectangulaire, fixée à un manche et servant de signal. Les départs [des courses vélocipédiques] se donnent soit au drapeau soit au pistolet (BAUDRY DE SAUNIER, Cycl., 1892, p. 399). [Dans une ardoisière à ciel ouvert] Il faudra délimiter la zone dite dangereuse (...) et indiquer le périmètre (...) à l'aide de poteaux, drapeaux, hommes de confiance (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, p. 261). L'un [un taxi] rentrait à son garage et celui-ci avait à son drapeau mis une housse noire où l'on lisait en blanc qu'il allait à Passy (ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 159).
3. P. anal.
a) [Avec un drapeau déployé] Un drapeau de cheveux châtains, ondés, tournoya avec elle [une danseuse espagnole] (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 150).
En drapeau. Toby-Chien. — Parfois je les précède [elle sur son cheval], toutes oreilles flottantes, la langue en drapeau (COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p. 84).
b) [Avec le bruit d'un drapeau qui frissonne ou claque au vent] MÉD. On a noté aussi le bruit de drapeau, extrêmement rare d'ailleurs (...) dans la bronchite pseudomembraneuse (CADET DE GASSICOURT, Mal. enf., t. 1, 1880-84, p. 140).
c) [Avec la position perpendiculaire par rapport à la hampe] SP. Équilibre exécuté par une personne qui se tient horizontalement à un support vertical. Tournoyer autour de la « staffe » (...) et exécuter ainsi des planches, les drapeaux, les tourbillons (VIALAR, Zingari, 1959, p. 118).
d) [Avec valeur de signal] INFORMAT. Caractère indiquant la fin d'une zone de mémoire. La rencontre du drapeau indique que le dernier caractère de la donnée a bien été transféré (GING.-LAURET 1973).
B.— Au fig.
1. [P. réf. au drapeau en tant qu'emblème, en tant que signe de ralliement]
a) [En parlant d'une pers.] Celui qui, par sa personnalité, ses actions, son dynamisme, représente le mieux un parti, un courant de pensée. Il [Duveyrier] avait voté pour M. Dewinck (...) parce qu'il était le drapeau de l'ordre (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 374). Dante est la voix et le drapeau de la chrétienté (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 16). J'aurai pu, tribun moi-même, (...) servir de drapeau, de symbole ou de pancarte à mes contemporains (GENEVOIX, Mains vides, 1928, p. 176) :
4. ... Rousseau se confond avec sa légende. Pendant plus d'un siècle, et bien que le lyrisme romantique se réclame de lui, ses successeurs négligeront l'homme. Il ne sera plus qu'un drapeau.
COCTEAU, Poésie critique I, 1959, p. 282.
b) [En parlant d'une œuvre, d'une théorie] Ce qui symbolise le mieux la position d'un groupe, d'un courant de pensée. Elle est restée [une pièce des Humbles], jusqu'à ce jour, le drapeau du naturalisme en poésie (ZOLA, Doc. littér., Poètes contemporains, 1881, p. 145).
c) [Le drapeau en tant que symbole d'un idéal] Parti politique; cause, idée pour laquelle on combat. Je veux parler de celle [la misère] qui n'a point de drapeau, ne jette point de cris ni d'éclairs : de celle qui tue ses victimes à petit feu (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 103). J'ai éprouvé et je n'ai pu supporter le malaise de vivre dans une société sans drapeau (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911-12, p. 147). Il fallait les regrouper [les étudiants de Strasbourg] autour d'un travail et d'un drapeau (Monde, 19 janv. 1952, p. 9, col. 4).
d) Loc. fig.
Tenir haut son drapeau, le drapeau (d'un parti, d'un groupe, etc.), lever haut son drapeau. Défendre publiquement ses opinions, ses idées ou les théories d'un parti, d'un groupe, etc. Tenir haut le drapeau de l'administration en face de la magistrature (A. DAUDET, Évangéliste, 1883, pp. 26-27).
Se rallier, se ranger sous le drapeau de qqn. Prendre son parti, partager ses idées; le reconnaître comme chef. Le caractère le plus général de la philosophie de Locke est l'indépendance; et ici je me range ouvertement sous son drapeau (COUSIN, Philos. mod., t. 3, 1847, p. 87).
Trahir son drapeau. Abandonner son parti, renier ses opinions. Il [de Beuvre] n'avait pas l'idée de trahir son drapeau. Il se dépêchait seulement de faire ses affaires avant qu'il fût renversé (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 2, 1858, p. 259).
Mettre son drapeau dans sa poche. Dissimuler ses opinions :
5. ... dans son ennui d'avoir dû céder sa situation de maire au clérical Philis, et dans son désir de le déloger, il [Darras] avait mis son drapeau en poche, muet et diplomatique, verrouillant les portes, avant de dire ce qu'il pensait.
ZOLA, Vérité, 1902, p. 81.
2. [P. réf. au drapeau en tant que signe de souveraineté] Planter le (son) drapeau.
a) Être le premier à émettre publiquement une opinion, à prendre position. Tu m'avais bien expliqué, dans nos causeries, la constitution sociale de Besançon (...) Ce fut là que je voulus aller planter mon drapeau (BALZAC, A. Savarus, 1842, p. 77).
Prendre possession de. La philologie a planté son drapeau sur l'un des plus fertiles cantons de la science de l'esprit (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 12).
b) Arg. Faire une dette chez un commerçant. L'équipe, à la fin de la semaine, planta au gargotier un drapeau d'une centaine de francs (BRUANT 1901, p. 160).
Rem. On rencontre ds la docum. des synon. de drapeau. a) Drapal, subst. masc., arg. Le drapal parut à toutes les cérémonies solennelles de l'empire (SMET, Nouv. arg. de l'X, 1936, p. 120). b) Drapel, subst. masc., vieilli. On avait attaché aux maisons de la tête du pont trois drapels représentant le roi, le dauphin et Marguerite de Flandre (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 68).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. des drapeaux. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 drapel « morceau de tissu, chiffon » et p. ext. « vêtement » (PH. DE THAON, Comput, 68 ds T.-L.), seulement au Moy. Âge; 2. XIIIe s. [ms.] plur. drapiaus « langes » (Roman de Thèbes, ms. A, 223 ds éd. L. Constans, t. 2, p. 218), qualifié de ,,vieux`` ds Trév. 1752. II. 1578 milit. (H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç.-ital., t. I, pp. 363-364 ds HUG. : On signale le nouvel emploi du mot drapeau, qui commence à remplacer le mot enseigne [...] on a mis drapeau en sa place, au moins quant aux gens de pied. Et ce vocable drapeau est venu nouvellement). I dér. de drap; suff. -el. II spécialisation de sens due à l'infl. de l'ital. drappello, attesté au sens de « bannière » dep. av. 1388 (A. Pucci ds BATT.). Fréq. abs. littér. :1 922. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 202, b) 3 802; XXe s. : a) 3 420, b) 2 199.
DÉR. 1. Drapeautique, adj. Patriotique, nationaliste. Religion drapeautique. Des premiers couillons voteurs et drapeautiques qu'emmena le Dumouriez se faire trouer dans les Flandres! (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 87). 1re attest. 1932 id.; hapax d'aut. dér. de drapeau, suff. -(t)ique. Fréq. abs. littér. : 2. 2. Drapelet, subst. masc. Petit étendard triangulaire. Avant de les remettre dans leurs étuis, les trompettes roulaient les drapelets aux armes de la ville (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 72). []. 1res attest. a) 1121-34 « morceau de tissu, chiffon » (PH. DE THAON, Bestiaire, 3809 ds T.-L.); b) 1611 « petit drapeau » (COTGR.), emploi isolé; à nouv. au XIXe s. 1832 (HUGO, N.-D. Paris, p. 63), qualifié de ,,vieilli`` ds Ac. Compl. 1842 mais encore employé au XXe s. (cf. GRACQ, loc. cit.); dimin. de l'a. fr. drapel (cf. drapeau); suff. -et. Fréq. abs. littér. : 6.
BBG. — DARM. Vie 1932, p. 44, 68, 156. — DOILLON (A.). Vocab. du cirque et de la fête foraine. Amis Lex. fr. 1974, n° 4, p. 28. — LEW. 1960, p. 32. — TRACC. 1907, pp. 136-137.

drapeau [dʀapo] n. m.
ÉTYM. 1119, drapel « chiffon »; dimin. de drap.
———
I Vx.
1 Pièce de drap. || « Vieux linges, vieux drapeaux » (Mathurin Régnier), ancien cri des chiffonniers.
2 N. m. pl. (XIIIe). || Drapeaux : langes pour emmailloter un enfant. Couche, lange.
3 Techn. Débris de toile servant à la fabrication du papier.
———
II (1578, de l'ital. drapello, de même formation que drapeau, mais qui a pris ce sens antérieurement). Mod.
1 Pièce d'étoffe attachée à une hampe et portant les couleurs, les emblèmes (d'une nation, d'un groupement, d'un chef…), pour servir de signal, de signe de ralliement, de symbole, etc. Étendard, pavillon. || L'étoffe d'un drapeau ( Étamine). || La hampe, le bout de hampe en métal d'un drapeau. || Drapeau muni d'une cravate ( Cravate, 2.). || Drapeau en berne, en signe de deuil.Agiter, arborer, déployer, hisser, planter un drapeau. || Garnir de drapeaux les édifices publics et privés. Pavoiser. || Salle décorée, pavoisée de drapeaux. || Le drapeau d'un ministère. || Drapeau qui se déploie, qui flotte, qui ondoie, qui claque au vent. || Les plis du drapeau.Porter un drapeau avec un baudrier, un brayer. || Rouler un drapeau. || Mettre un drapeau dans son étui, dans sa gaine. || Le drapeau est le signe officiel d'une souveraineté. || Drapeau national. || Drapeau américain, anglais, russe… || Les drapeaux de la France : drapeau blanc des rois de France, ramené par la Restauration, drapeau tricolore de la Révolution, repris en 1830 ( Couleur, cit. 10) et maintenu en 1848 (→ ci-dessous, cit. 2). || Les drapeaux belge, français, indien, italien… sont tricolores. || Le drapeau de l'O. N. U.Le drapeau de la Croix-Rouge a remplacé, en temps de guerre, le drapeau noir qu'on plaçait sur les hôpitaux, etc.Drapeau rouge : emblème révolutionnaire.Drapeau blanc : drapeau qui, en temps de guerre, indique à l'ennemi qu'on veut parlementer.Hisser le drapeau blanc (fig.). Capituler, rendre (se); → Capitulation, cit. 3.Drapeau noir des pirates.Le drapeau d'une association, d'un club, d'une équipe sportive. || Drapeau d'un groupement, d'un parti politique. || Drapeaux et bannières. || Étude des drapeaux. Vexillologie.Par ext. || Drapeaux en papier. || Agiter des drapeaux au passage d'un cortège officiel. || Piquer des petits drapeaux sur une carte.
Spécialt. || Le drapeau d'une armée, d'une troupe, d'un régiment…, les couleurs. Couleur (I., 3.). || Drapeaux militaires. aussi Banderole, bandière (vx), bannière, cornette (vx), enseigne, étendard, fanion, fanon (vx), flamme, gonfalon, guidon, oriflamme, pavillon, pennon. || Remettre son drapeau à un régiment. || Présentation du drapeau. || La garde du drapeau. || Porte-drapeau. || Salut au drapeau. || Battre, sonner au drapeau. || Au drapeau !, batterie de tambour, sonnerie de clairon exécutée pour rendre les honneurs au drapeau. || Drapeau décoré de la croix de guerre. || Drapeau pris à l'ennemi (→ Dépouille, cit. 4). || Drapeau déchiré, troué par les balles. || Bénir (cit. 9, 10) les drapeaux avant la bataille.
1 (…) jusque-là, le 127e avait marché sans aigle; car alors il fallait conquérir son drapeau sur le champ de bataille, pour prouver qu'ensuite on saurait l'y conserver.
Ph. P. Ségur, Hist. de Napoléon, VI, 8, in Littré.
2 Je repousserai jusqu'à la mort le drapeau de sang, et vous devriez le répudier plus que moi ! Car le drapeau rouge que vous nous rapportez n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie !
Lamartine, Hist. de la révolution de 1848, VII, 27.
3 On se redit, pendant un mois, la phrase de Lamartine sur le drapeau rouge, « qui n'avait fait que le tour du Champ-de-Mars, tandis que le drapeau tricolore », etc.; et tous se rangèrent sous son ombre, chaque parti ne voyant des trois couleurs que la sienne — et se promettant bien, dès qu'il serait le plus fort, d'arracher les deux autres.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
4 (…) avec une espèce de solennité, (elle) déroula complètement l'étoffe (…) c'était un drapeau tricolore de la grandeur d'une serviette (…)
— C'est mon mari qui m'a envoyé ça pour le quatorze juillet. L'autre était trop déteint. Je l'ai arraché de sa hampe que j'ai conservée (…) Première qualité de soie (…) Il faut que je couse ce drapeau à sa hampe.
J. Green, Adrienne Mesurat, II, II, p. 159.
4.1 Et l'on voit défiler des armées entières dont chaque homme est un porte drapeau, et qui ne sont que des armées de drapeaux, une vaste mer, houleuse et creusée par le vent, d'étendards, d'enseignes, de bannières, d'emblèmes et d'oriflammes.
M. Tournier, le Roi des Aulnes, p. 323.
2 Drapeau servant de signal. || Abaisser le drapeau à damiers à l'arrivée du premier concurrent d'une course d'automobiles. || Drapeau rouge de chef de gare. || Drapeau signalant des travaux, sur une route.
3 a Le drapeau, symbole de l'armée, de la patrie, etc. || Le respect, le culte du drapeau. || L'honneur du drapeau. || Mourir pour le drapeau.
b Les drapeaux : l'armée. — ☑ Loc. Être sous les drapeaux : être en activité de service dans l'armée. || Appeler une classe, les réserves sous les drapeaux. Mobiliser.
REM. La forme sous le drapeau est archaïque :
5 Outre ces troupes, tenues continuellement sous le drapeau, chaque village entretenait un franc-archer (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, LXXX.
Se ranger, combattre sous les drapeaux d'un chef, d'un pays, dans les armées de ce chef, de ce pays (→ Affluer, cit. 2).
6 J'attaque sur son trône une reine orgueilleuse,
Qui voit sous ses drapeaux marcher un camp nombreux.
Racine, Athalie, IV, 3.
7 Enfin, dans la journée de Marengo (…) il semblait avoir définitivement ramené la victoire sous les drapeaux de la Nation.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, I, p. 6.
Emblème, symbole de ralliement (à un parti, à une cause). Bannière. || Le drapeau du parti. — ☑ Dans des loc. Se ranger sous le drapeau, se rallier autour du drapeau de qqn, embrasser son parti.Mettre son drapeau dans sa poche : dissimuler ses opinions, ses convictions.Lever son drapeau : faire une profession de foi.Porter le drapeau : être le premier à soutenir une opinion.Par ext. || Cet homme est le drapeau des manifestants. Porte-drapeau.
8 Il (A. Chénier) fait voir d'abord (…) la politique s'emparant de tous les esprits, chacun prétendant concourir à la chose publique autrement que par une docilité raisonnée, chacun voulant à son tour porter le drapeau (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 19 mai 1851, t. IV, p. 149.
Adj. invar. || Bleu drapeau : le bleu du drapeau tricolore français.
9 Je roulais pendant une demi-heure dans un vaste marais desséché (…) le ciel, là-dessus, se tendait, bleu drapeau.
Roger Vercel, Capitaine Conan, XV, p. 248.
4 (V. 1966). En appos. Signale le caractère prestigieux, symbolique de l'objet qualifié. || Trains drapeaux. || « La S. F. I. O. ne consentira jamais à l'abandon de son adjectif-drapeau (l'adj. ouvrière) » (Sainderichin, 1966, in P. Gilbert).
5 Aviat. || Mettre une hélice en drapeau : disposer les pales parallèlement au sens de la marche.
Athlétisme. || Un drapeau : figure de gymnastique où l'athlète se tient horizontalement à un support vertical ou oblique.
6 Par ext. (du sens 2). || Un drapeau : une dette chez un commerçant.
10 — Combien doit-on, ici ? demanda Antoine.
— L'ardoise commune ou les drapeaux particuliers ?
René Fallet, le Triporteur, p. 53.
Planter un drapeau : partir, s'éclipser sans payer.
DÉR. Drapeautique, drapelet.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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